Après que furent présentés à Paris en 2022 les dessins lors de la commémoration des 80 ans du Vel d’Hiv, qui regroupa 70 0000 visiteurs lors de l’inauguration, le Mémorial de la Shoah présenta en 2023 au Chambon sur lignon lieu de mémoire, une exposition des dessins de presse de Cabu réalisés pour le nouveau Candide en 1967. Au printemps 1967 le Journal, Le Nouveau Candide publie les bonnes feuilles de la Grande rafle du vel d’Hiv le 16 juillet 1942 de Claude Levy et Paul Tillard. Pour illustrer cette série en cinq épisodes la rédaction fait appel à un jeune dessinateur de 29 ans Jean Cabut dit Cabu. L’ouvrage de Levy et Tillard retrace à travers documents et témoignages, le déroulement de la rafle et l’enfermement au vélodrome d’hiver de plus de 8000 dès quelques 13000 victimes d’arrestations.
Après une exposition en 2023 des dessins du caricaturiste Cabu sur le thème « Les Présidents de la Cinquième République », Tarnac, commune de 350 habitants sur les flancs du Plateau de Millevaches, en propose en lien avec le Mémorial de la Shoah de Paris, une nouvelle intitulée « Cabu : La Rafle du Vel d’Hiv » avec 16 dessins.
Cette exposition totalement renouvelée et repensée constitue une première nationale, les équipes du Mémorial sous la direction de Sophie Nagiscarde ont pensé l‘exposition sous une forme plus pratique pour sa diffusion et des explications pédagogiques pour une utilisation et transmission des faits à destination prioritairement d’un public scolaire, sans en restreindre son champs d’ouverture qui s’adresse évidemment à tous .
La Commune en lien étroit avec Véronique Cabut, l’épouse du caricaturiste tragiquement disparu et Laurent Joly, historien ont décidé de poursuivre la mémoire de cette tragédie.
Le maire de Tarnac, François Bourroux et son adjoint Pierre Chauvot « très fiers » d’accueillir cette exposition avec le soutien et la complicité de Véronique Cabut, l’épouse du dessinateur Cabu | © Agnès Gaudin pour La Montagne
Pourquoi une telle exposition à Tarnac ? Parce que Tarnac a une histoire et que certains pans en sont tragiques.
Il y a de cela plus de 80 ans, le 6 avril 1944, en fin d’après-midi, des éléments de la division Brehmer, chargée du maintien de l’ordre nazi dans la région, investissent le village dans un exercice de rafle des israélites. Bilan : 9 arrestations, 4 femmes, 4 hommes et un enfant de deux ans. Les hommes sont fusillés dans la soirée. Les femmes et l’enfant, le petit Charles seront envoyés à la prison de Limoges puis au camp de Drancy et partirent ensuite sans retour avec le convoi 72 à destination d’Auschwitz. Les années passent, les générations se renouvellent et les faits s’effacent peu à peu de la mémoire collective jusqu à ce que, il y dix ans la Mairie reçoive l’extrait d’acte de décès du petit Charles Blustajn en provenance des archives du camps d’Auschwitz. Un collectif se met alors en place et s’échine à reconstituer le puzzle avec les éléments à sa disposition. C’est l’occasion de renouer avec une mémoire qui tendait à s’estomper. C’est aussi l’occasion de nouer des liens qui s’avéreront très forts avec les familles des victimes de par le monde.
Aboutissement : le 6 avril 2024 est inaugurée une stèle à la mémoire de l’ensemble des victimes en présence d’une partie de leurs familles venant de tous les continents et convergeant vers Tarnac…
Sur cette terre de résistance multiséculaire, nous avons voulu enrichir notre démarche mémorielle de la finesse, de l’intelligence et du rire de l’immortel Cabu.
La transmission à tous et notamment aux plus jeunes d’entre nous, avec nombre d’explications pédagogiques font de cette exposition un trésor, une pépite qu’il vous ait donné de découvrir à Tarnac. Les enseignants y trouveront un fantastique outil de transmission et leurs élèves un magnifique support de découverte de notre histoire
Aujourd’hui, en lien avec le Mémorial de la Shoah de Paris, avec cette exposition itinérante, avec 16 dessins bouleversants de Cabu basés sur des faits réels car il sait dessiner les regards des victimes comme personne, nous avons la volonté politique, culturelle et historique de nous inscrire dans une démarche de fidélité et de continuité.
– Fidélité aux mémoires des victimes de la Barbarie d’où qu’elles viennent.
– Continuité d’honorer la mémoire de Jean Cabut et son œuvre. Comme l’écrit si justement cité par Laurent Joly : Il a dessiné le pire du XX -ème siècle et a été lui-même la victime du pire du XXI siècle.
Conscients des dangers qui menacent aujourd’hui la démocratie et la République, il nous est apparu naturel de proposer une telle exposition en des temps où l’habitude l’indifférence et la résignation rongent notre société.
Faisons nôtre les propos d ‘Antoine de Saint Exupéry : « Si tu diffères de moi loin de me léser tu m’enrichis… »
Depuis le 2 septembre 2024 et jusqu’au 23 octobre 2024 . Salle des Petites maisons de Tarnac (19170)
de 10h à 12h et de 15h à 17h. Ouvert tous les jours sauf le lundi.